Inédits
Topic 7190299
© photo DH-Pschteau- Fallen Angel
ÉLÉGIE POUR UNE ENNEMIE
Traduction Princesse Sans Château
Say, does that stupid earth
Where they have laid her,
Bind still her sullen mirth,
Mirth which betrayed her?
Do the lush grasses hold,
Greenly and glad,
That brittle-perfect gold
She alone had?
Smugly the common crew,
Over their knitting,
Mourn her—as butchers do
Sheep-throats they're slitting!
She was my enemy,
One of the best of them.
Would she come back to me,
God damn the rest of them!
Damn them, the flabby, fat,
Sleek little darlings!
We gave them tit for tat,
Snarlings for snarlings!
Squashy pomposities,
Shocked at our violence,
Let not one tactful hiss
Break her new silence!
Maids of antiquity,
Look well upon her;
Ice was her chastity,
Spotless her honor.
Neighbors, with breasts of snow,
Dames of much virtue,
How she could flame and glow!
Lord, how she hurt you!
She was a woman, and
Tender—at times!
(Delicate was her hand)
One of her crimes!
Hair that strayed elfinly,
Lips red as haws,
You, with the ready lie,
Was that the cause?
Rest you, my enemy,
Slain without fault,
Life smacks but tastelessly
Lacking your salt!
Stuck in a bog whence naught
May catapult me,
Come from the grave, long-sought,
Come and insult me!
We knew that sugared stuff
Poisoned the other;
Rough as the wind is rough,
Sister and brother!
Breathing the ether clear
Others forlorn have found—
Oh, for that peace austere
She and her scorn have found!
Stephen Vincent Benét
Elegy for an enemy
Dites-moi si cette terre infâme
Où elle est ensevelie,
Dépossédée à jamais
De l’insolente gaité
Qui la trahissait,
Puise sa luxuriante verdure
De l’or pur et rayonnant
Qu’elle seule possédait?
Voyez le cortège bien-pensant
Qui se disperse en pleurant sa perte
Avec l’émoi du boucher
Pour le mouton qu’il dépèce.
Elle était mon ennemie
Plus que toute autre;
Me sera-t-elle rendue
Elle, plus que toute autre?
Baisées leurs chairs
Consommées leurs délices
Nous avons sur leurs oreillers
Échangé nos plaisirs
Contre leur damnation
Et leurs éclats bruyants:
Tout s’est éteint brusquement
Dans le silence d’à présent.
Accueillez-la parmi vous
Filles des temps antiques
La glace était sa chasteté
La pureté, son honneur.
Elle brillait blanche comme neige
Et atténuait l’incandescence
En maculant de sa pâleur
L’offense qu’elle infligeait au ciel.
Elle était femme
Offerte - au temps!
Du crime délicat
Comme une chevelure
Qu’elle portait de ses mains
Au fruit vermeil de ses lèvres
Étais-je, tueur ou amant,
L’origine ou la cause?
Repose mon ennemie
Tuée sans faute
Hors du monde que tu laisses
Sans odeur et sans vie.
Ressaisis-toi de la fosse
D’où rien ne peut m’élever:
Sors de la tombe - tant espérée
Et viens m’injurier!
Nous savions que le plaisir de l’un
Était le poison de l’autre.
Âpre est le vent de l’amertume
Sœur, frère
Contre ceux dans l’insouciance
Qui jouissent du pur éther
Quelle paix austère aurez-vous trouvée
Toi, et ton mépris?
Topic 7190299
© photo DH-Pschteau- Fallen Angel
ÉLÉGIE POUR UNE ENNEMIE
Say, does that stupid earth
Where they have laid her,
Bind still her sullen mirth,
Mirth which betrayed her?
Do the lush grasses hold,
Greenly and glad,
That brittle-perfect gold
She alone had?
Smugly the common crew,
Over their knitting,
Mourn her—as butchers do
Sheep-throats they're slitting!
She was my enemy,
One of the best of them.
Would she come back to me,
God damn the rest of them!
Damn them, the flabby, fat,
Sleek little darlings!
We gave them tit for tat,
Snarlings for snarlings!
Squashy pomposities,
Shocked at our violence,
Let not one tactful hiss
Break her new silence!
Maids of antiquity,
Look well upon her;
Ice was her chastity,
Spotless her honor.
Neighbors, with breasts of snow,
Dames of much virtue,
How she could flame and glow!
Lord, how she hurt you!
She was a woman, and
Tender—at times!
(Delicate was her hand)
One of her crimes!
Hair that strayed elfinly,
Lips red as haws,
You, with the ready lie,
Was that the cause?
Rest you, my enemy,
Slain without fault,
Life smacks but tastelessly
Lacking your salt!
Stuck in a bog whence naught
May catapult me,
Come from the grave, long-sought,
Come and insult me!
We knew that sugared stuff
Poisoned the other;
Rough as the wind is rough,
Sister and brother!
Breathing the ether clear
Others forlorn have found—
Oh, for that peace austere
She and her scorn have found!
Stephen Vincent Benét
Elegy for an enemy
Dites-moi si cette terre infâme
Où elle est ensevelie,
Dépossédée à jamais
De l’insolente gaité
Qui la trahissait,
Puise sa luxuriante verdure
De l’or pur et rayonnant
Qu’elle seule possédait?
Voyez le cortège bien-pensant
Qui se disperse en pleurant sa perte
Avec l’émoi du boucher
Pour le mouton qu’il dépèce.
Elle était mon ennemie
Plus que toute autre;
Me sera-t-elle rendue
Elle, plus que toute autre?
Baisées leurs chairs
Consommées leurs délices
Nous avons sur leurs oreillers
Échangé nos plaisirs
Contre leur damnation
Et leurs éclats bruyants:
Tout s’est éteint brusquement
Dans le silence d’à présent.
Accueillez-la parmi vous
Filles des temps antiques
La glace était sa chasteté
La pureté, son honneur.
Elle brillait blanche comme neige
Et atténuait l’incandescence
En maculant de sa pâleur
L’offense qu’elle infligeait au ciel.
Elle était femme
Offerte - au temps!
Du crime délicat
Comme une chevelure
Qu’elle portait de ses mains
Au fruit vermeil de ses lèvres
Étais-je, tueur ou amant,
L’origine ou la cause?
Repose mon ennemie
Tuée sans faute
Hors du monde que tu laisses
Sans odeur et sans vie.
Ressaisis-toi de la fosse
D’où rien ne peut m’élever:
Sors de la tombe - tant espérée
Et viens m’injurier!
Nous savions que le plaisir de l’un
Était le poison de l’autre.
Âpre est le vent de l’amertume
Sœur, frère
Contre ceux dans l’insouciance
Qui jouissent du pur éther
Quelle paix austère aurez-vous trouvée
Toi, et ton mépris?
Inédits
Topic 7190299
© photo DH-Pschteau- Fallen Angel
ÉLÉGIE POUR UNE ENNEMIE
Say, does that stupid earth
Where they have laid her,
Bind still her sullen mirth,
Mirth which betrayed her?
Do the lush grasses hold,
Greenly and glad,
That brittle-perfect gold
She alone had?
Smugly the common crew,
Over their knitting,
Mourn her—as butchers do
Sheep-throats they're slitting!
She was my enemy,
One of the best of them.
Would she come back to me,
God damn the rest of them!
Damn them, the flabby, fat,
Sleek little darlings!
We gave them tit for tat,
Snarlings for snarlings!
Squashy pomposities,
Shocked at our violence,
Let not one tactful hiss
Break her new silence!
Maids of antiquity,
Look well upon her;
Ice was her chastity,
Spotless her honor.
Neighbors, with breasts of snow,
Dames of much virtue,
How she could flame and glow!
Lord, how she hurt you!
She was a woman, and
Tender—at times!
(Delicate was her hand)
One of her crimes!
Hair that strayed elfinly,
Lips red as haws,
You, with the ready lie,
Was that the cause?
Rest you, my enemy,
Slain without fault,
Life smacks but tastelessly
Lacking your salt!
Stuck in a bog whence naught
May catapult me,
Come from the grave, long-sought,
Come and insult me!
We knew that sugared stuff
Poisoned the other;
Rough as the wind is rough,
Sister and brother!
Breathing the ether clear
Others forlorn have found—
Oh, for that peace austere
She and her scorn have found!
Stephen Vincent Benét
Elegy for an enemy
Dites-moi si cette terre infâme
Où elle est ensevelie,
Dépossédée à jamais
De l’insolente gaité
Qui la trahissait,
Puise sa luxuriante verdure
De l’or pur et rayonnant
Qu’elle seule possédait?
Voyez le cortège bien-pensant
Qui se disperse en pleurant sa perte
Avec l’émoi du boucher
Pour le mouton qu’il dépèce.
Elle était mon ennemie
Plus que toute autre;
Me sera-t-elle rendue
Elle, plus que toute autre?
Baisées leurs chairs
Consommées leurs délices
Nous avons sur leurs oreillers
Échangé nos plaisirs
Contre leur damnation
Et leurs éclats bruyants:
Tout s’est éteint brusquement
Dans le silence d’à présent.
Accueillez-la parmi vous
Filles des temps antiques
La glace était sa chasteté
La pureté, son honneur.
Elle brillait blanche comme neige
Et atténuait l’incandescence
En maculant de sa pâleur
L’offense qu’elle infligeait au ciel.
Elle était femme
Offerte - au temps!
Du crime délicat
Comme une chevelure
Qu’elle portait de ses mains
Au fruit vermeil de ses lèvres
Étais-je, tueur ou amant,
L’origine ou la cause?
Repose mon ennemie
Tuée sans faute
Hors du monde que tu laisses
Sans odeur et sans vie.
Ressaisis-toi de la fosse
D’où rien ne peut m’élever:
Sors de la tombe - tant espérée
Et viens m’injurier!
Nous savions que le plaisir de l’un
Était le poison de l’autre.
Âpre est le vent de l’amertume
Sœur, frère
Contre ceux dans l’insouciance
Qui jouissent du pur éther
Quelle paix austère aurez-vous trouvée
Toi, et ton mépris?