Topic 7190787

DH//787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:11:12

 

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World Economic Forum Annual Meeting 2011

DAVOS/SWITZERLAND, 26JAN11 - Louise Arbour, Présidente et commissaire exécutive en chef d'International Crisis Group (ICG), Belgique;

Actes du Conseil mondial sur la prévention des conflits lors de la session

 "L'agenda de sécurité en 2011" lors de la réunion annuelle 2011 du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le 26 janvier 2011.

Copyright: World Economic Forum

swiss-image.ch/Photo by Remy Steinegger

Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0)

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VIOLENCE OU PAIX

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:11:12

On est bien obligé d'admettre qu'elle existe au fond de soi, la violence. Elle cohabite avec des sentiments que le plus normatif des humains contient dans sa complexité psychique. Elle laisse parfois voir son regard, son visage, sa mine assoiffée. On est bien obligé d'admettre qu'elle existe chez certains esprits qui se dédient entièrement à des valeurs positives et qui s'efforcent de cacher, et surtout de se cacher à eux-mêmes, que le sentiment de la colère, que tous les humains ont expérimenté au moins quelques fois dans leur vie, que ce sentiment peut dégénérer en un acte de force, qui se détache de la raison dominante, qui enfreint un code de sagesse, tout au moins de patience, et précipite l'entièreté de l'être dans un moment, d'intensité et de longueur variable, dans le vide où il aura enfoui sa censure et le contrôle qu'il exerce par ailleurs de façon plus ou moins consciente sur ses agissements coutumiers.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:15:53

La première fois où j'ai pris conscience qu'elle existait bel et bien en moi, j'en suis resté terrassé. Je dois admettre, comme plusieurs qui ne se démarquent pas par des comportements répétitifs de violence, qu'il faille invoquer la pire des excuses. Je ne l'ai pas vue venir. Ce n'était pas une bonne journée. Il s'était passé plusieurs choses contrariantes autour du même champ d'irritation. On dit: la moutarde me monte au nez. On dit: la goutte d'eau qui fait déborder le vase. On ne pense même pas: je dérape, je perds la tête. C'était sur une réplique ou un geste de trop de la part d'un conjoint, j'ai évidemment oublié quoi, et je me revois dans ce qui représente pour moi l'acte le plus horrible que je puisse m'imaginer en train de faire. Je me suis emparé du premier objet à ma portée, en l'occurrence une chaise de bois, et je l'ai lancée avec une force décuplée sur le mur où elle s'est fracassée. C'est à peine si j'avais visé l'endroit le plus "sécuritaire" pour ne pas blesser physiquement mon vis-à-vis. Mais le mal ainsi fait avait atteint sa cible. La rupture allait en découler le jour même. Je crois bien avoir été marqué pour la vie par ce geste qui ressemblait trop à ce que je réprimais par-dessus tout, et qui ne me ressemblait pas dans l'image sympathique et joviale qu'on me connaissait. Je me souviens m'être dit: "Attention, ce que tu viens de faire est la preuve qu'il y a un potentiel meurtrier en toi." Touché par la grâce de la culpabilité, je n'ai plus jamais soulevé de chaise ou d'objet suffisamment lourd dans l'intention d'exprimer cet instinct. C'était en 1986. J'avais trente-trois ans. Avant cela, le bilan de mes actes de terreur était celui d'un être occasionnellement colérique: exaspération verbale, ou brusquerie envers un objet de peu d'importance à cause de sa résistance, un briquet, un manuel d'instruction, un stylo.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:18:09

Pareil ici. La patience ne figurait pas au nombre des vertus dans notre famille, pourtant pas si mauvaise. Mes parents avaient un tempérament artistique et passionné. Mon frère et ma sœur sont, je crois, plus irritables que moi, qui ne me définis pourtant pas selon des critères de douceur ou de sagesse. Je me souviens qu'enfant, je pouvais lancer par terre des aliments qu'on essayait de me faire manger de force. Quel rapport avec la violence qui détruit des vies humaines? Le même qu'il y a entre la semence et l'arbre à maturité: la croissance de celui-ci est déterminée par le temps, et des conditions propices à son évolution.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:20:45

Je crois profondément à l'existence de certains êtres, peut-être plus nombreux que j'imagine, qui ne contiennent aucune violence en eux. Comme on le dirait d'une minorité angélique - bien que je déteste cet adjectif car il revêt le plus souvent un sens péjoratif - disons "pleinement engagés dans une recherche du bien", à l'exclusion des êtres ayant recours à la force pour faire valoir leurs idéaux. Des êtres pacifiques à part entière. Il y en a. On en voit dans l'histoire, il en existe dans notre vie contemporaine, des femmes et des hommes plus grands que nature dans une démarche active de rassemblement dans la paix. Il est évident que nous ne sommes pas dans leur peau pour examiner par quelle astuce ils ont réussi à faire taire une discorde intérieure, mais des gens comme Louise Arbour, Mère Térésa, certains Prix Nobel de la Paix, jalonnent le parcours des vies qui aspirent à un règne réel de la bonne volonté sur terre.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:24:34

J'aurais tendance à dire que la pire forme de violence est pour moi, comme pour la plupart des êtres sur cette planète, celle qui fauche des vies humaines, en particulier celles des femmes et des enfants. Mais j'en dénoncerais une pourtant qui m'exaspère presque autant, et qui existe bel et bien chez certains êtres hypocrites et minables, des êtres qui vont jusqu'à se vanter d'actes répréhensibles dirigés contre l'orientation des tendances visant à préserver le peu qui rend encore viable la cohabitation sur notre planète. Je fais allusion à ceux et celles qui, de façon à s'assurer de l'impunité, obéissent à des crimes qu'ils estiment minuscules dans leur vie quotidienne, mais qu'ils perpétuent consciemment: des gestes qui vont à l'encontre de la morale, gestes effectués pour le simple plaisir d'exprimer une haine envers l'ordre: des fumeurs qui, sans être vus, jettent sciemment leurs mégots dans des espaces verts ou en forêt, en sachant les risques qu'ils pourraient occasionner, ou, pire, qui se débarrassent de déchets là où le reste de la société rassemble ses énergies pour assainir les plans d'eau, les systèmes d'égout. Ils sont parfaitement avisés des lois, connaissent le degré de biodégradation ou de nocivité des objets, et font exprès, toujours en se cachant, pour corrompre et polluer. J'ai entendu déjà quelqu'un se vanter d'avoir mis un petit appareil informatique dans un sac vert, ce qui a déclenché une réaction en chaîne de gens du même acabit qui se félicitaient tour à tour de faire passer des ordures ménagères dans la toilette, des piles, du plastique, dans le simple but de détruire, ou parfois d'exprimer leur rage contre la rigidité des écologistes qu'ils perçoivent comme des censeurs à leur liberté. Cas d'exception? Ces gens sans conscience sont beaucoup plus nombreux qu'on pense. Ils se sentent puissants de désobéir même s'ils savent l'aspect répugnant de leurs actes.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:29:18

C'est tout compte fait, la tige de l'arbuste qui deviendra un séquoia de la destruction. Ceux qui font cela allumeront des feux à la première occasion, agresseront des plus petits qu'eux-mêmes, jusqu'au jour où ils se mettront à tirer sur des foules selon le principe que tout ce qui commence en sourdine peut aboutir dans un puissant vacarme.

 

 

 

Topic 7190788

DH//788Re://T7190 [Xeni/ClGa/Vigi/Tabo/Hari/ClGa/Oper - Balados] post. 21-09-06 17:14:24

 

BALADOS

 

788Re://T7190 [Xeni/ClGa/Vigi/Tabo/Hari/ClGa/Oper - Balados] post. 21-09-06

TABOU

La rentrée cette année revêt un sens bien particulier pour nous tous en raison des recommandations de la santé publique qui, sans nous confiner comme ce fut le cas il y a bientôt deux ans, nous oblige à une incessante surveillance de nos proximités. On se dirait dans d'innombrables balados où les gens, sans que rien y paraisse, gardent une distance propre et respectueuse entre eux, tout occupés qu'ils sont à transmettre de l'information lue au moyen d'un écran souffleur ou qui s’échangent entre les uns et les autres des commentaires de bon aloi, le tout étant destiné au plus grand nombre, et ce tout ayant en outre l'avantage de l'indirect, c'est-à-dire des prestations confortables en prévision de leurs diffusions, sans frictions, sans écarts entre les questions et les réponses, dans un style propret, gentil, léché, ne contrevenant d'aucune manière à l'emploi de certains mots bannis du dictionnaire, et donc accessibles aux enfants, aux parents, dans le respect de la parité et de la diversité.

 

HARIETT

Alors bravo. Je suis partante. Je n'aime pas les émissions de télé ou de radio en direct où à tout instant des choses peuvent être dites qui peuvent blesser oreilles et consciences. Trop de fois dans votre chère province m'est-il arrivé de surprendre des invités, au nombre desquels j'inclus des ministres, manger des raies avec des scies, utiliser des expressions en les déformant à leur insu, accordant le mot quatre comme s'il prenait un s devant chaque mot commençant par une voyelle, quatre z'enfants, ou utilisant un langage où les voyelles elles-mêmes sont en passe de disparaître au profit d'un relâchement physique de la phonétique. Les infins vont à l'écueule,  on ve à Etteweu, à Teuronto, à Montryal, c'eu ceumme ceu qu'on parle un peu partout, une langue épidémique, virale comme le veut l'expression, où, si la moyenne d'âge d'un intervenant se situe entre l'adolescence et le début de la vingtaine, il interrompt à tout propos le flux hachuré de sa pensée en parant aux éventuelles objections que son discours suscitera forcément sur les réseaux sociaux: bin oui ché qui'en'a'qui disent que.

 

VIGIE

La bonne nouvelle, c'est que des adverbes aussi inutiles qu'heureusement, cependant, ou des locutions comme "C'est un moindre mal" se voient fondre comme des glaciers sous un réchauffement prolétaire de la langue. La simplification, ça, c'est la bonne nouvelle. Il fera aussi beau demain qu'hier, mais plus sec et plus venteux, ça, c'est la bonne nouvelle. Les accidents de la route ont fait quatre morts, un de moins que l'an passé, ça, c'est la bonne nouvelle. Le papa était armé et menaçait de se tuer avec son enfant, or on a retrouvé des vêtements non loin d'un chalet où ils se sont barricadés, ça, c'est la bonne nouvelle. Cent cinquante morts dans un accident d'avion mais on a retrouvé la boîte noire, ça, c'est la bonne nouvelle.

 

XENIA

Oui, un de nos ministres a commencé ça en donnant des points de presse où quelque conseiller lui a montré à toujours donner de bonnes nouvelles dans les bilans catastrophiques qu'il doit annoncer chaque jour. C'est stupide et con, mais personne n'a l'air de trouver ça meurtrier pour l'intelligence de la langue, au contraire, on adopte inconsciemment la béquille et la bonne nouvelle est qu'on en a pour au moins deux générations à venir de vivre dans une simplification où, si jamais on devait utiliser le passé simple ou le subjonctif pour exprimer quoi que ce soit, ce serait pour s'en moquer et décourager le plus tenace des écrivains réduit à tout raconter au présent, avec des phrases courtes, avec plein de mots anglais si c'est en France, et en chassant tous les québécismes de son vocabulaire si c'est au Québec.

 

OPERALOV

Ce n’est pas pour me moquer, mais juste ce mot-ci: balado. Quelle sainte horreur! Ça me fait penser au récent O Dio de Radio-Canada qui joue sur l’italien de Riccardo pour sa plate-forme audio: je me sens si intelligente de comprendre l’italien! Une vieille garde avec des diplômés en communication se met au service de la barbarie intellectuelle, et on crée des expressions avec des jeux de mots qui sonnent aussi ringards que les expressions des années 70 si on les remettait à la mode. On est dans le vent, comme on a déjà été yé-yé, ou à gogo. Balado, pourquoi pas, ce qui rallie tout le monde doit commencer par rallier les ados, non? Au moins, le nouveau mot présentielle, conçu et injecté dans la population sur le tard, mais bon il y avait urgence avec le télé-travail, est utilisé par tout le monde avec des pincettes, et certains se font même un devoir de le remplacer par ce qu’il était déjà depuis les réseaux sociaux: se voir «en vrai». N’empêche que tous ces enfants avortés de la langue nés de la pandémie me font exécrer cette dernière dix fois plus que ça ne devrait.

 

CLGARNIER

Une pandémie qui attaque la langue, pourquoi pas? Mais attendez la suivante. Vous vous croyez tous très éprouvés et vous vous comportez comme des êtres que des désagréments littéraires ou bienséants offensent plus qu’ils ne sont déjà traqués depuis deux ans. Imaginez qu’une fois tout ceci dernière nous, la Chine, ou la Corée, ou les deux, de concert avec un quelconque état armé, décide de purger le ciel de tout ce qui s’y trouve, ondes, satellites, ions, vibrations émettant des signaux, tout ce qui peuple l’atmosphère à chaque micron carré de sa substance. Vous vous réveillez un matin, en forme pour votre jeu de patience habituel avec votre café, mais plus d’électricité. Pas de cafetière. Plus d’ordinateur. Vous venez pour appeler vos voisins mais pas de ligne téléphonique. Vous ouvrez la télé mais l’écran reste noir, vous vous précipitez sous la douche en pressentant que si la panne dure trop longtemps vous manquerez d’eau chaude, puis vous vous habillez. Il y a des gens dehors qui vous confirment qu’il y a une panne, que ce n’est pas que dans votre bloc, mais bien dans tout le quartier. Puis quelqu’un qui s’est donné la peine d’aller voir ailleurs avec sa voiture revient en déclarant que ça semble être aussi le cas dans toute la ville, incluant ses banlieues. Il vous faudra quelques heures encore avant qu’un porte-voix vous fasse comprendre que c’est comme ça partout dans le pays, sur le continent, et sur la planète. Pas un seul gouvernement n’est à l’épreuve de ce putsch informatique, quelqu’un, quelque part, a pris le contrôle, les stations de nouvelles sont muselées par la panne, et combien de temps ça pourrait durer? Combien de vaccins faudra-t-il pour ne pas qu’on meure de faim une fois qu’on aura vidé les épiceries et qu’on aura fini de consommer les récoltes? Ceux qui veulent la destruction à tout prix sont en train de travailler très fort et finiront par l'obtenir.

 

 

Topic 7190787

DH//787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:11:12

 

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World Economic Forum Annual Meeting 2011

DAVOS/SWITZERLAND, 26JAN11 - Louise Arbour, Présidente et commissaire exécutive en chef d'International Crisis Group (ICG), Belgique;

Actes du Conseil mondial sur la prévention des conflits lors de la session

 "L'agenda de sécurité en 2011" lors de la réunion annuelle 2011 du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le 26 janvier 2011.

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VIOLENCE OU PAIX

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:11:12

On est bien obligé d'admettre qu'elle existe au fond de soi, la violence. Elle cohabite avec des sentiments que le plus normatif des humains contient dans sa complexité psychique. Elle laisse parfois voir son regard, son visage, sa mine assoiffée. On est bien obligé d'admettre qu'elle existe chez certains esprits qui se dédient entièrement à des valeurs positives et qui s'efforcent de cacher, et surtout de se cacher à eux-mêmes, que le sentiment de la colère, que tous les humains ont expérimenté au moins quelques fois dans leur vie, que ce sentiment peut dégénérer en un acte de force, qui se détache de la raison dominante, qui enfreint un code de sagesse, tout au moins de patience, et précipite l'entièreté de l'être dans un moment, d'intensité et de longueur variable, dans le vide où il aura enfoui sa censure et le contrôle qu'il exerce par ailleurs de façon plus ou moins consciente sur ses agissements coutumiers.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:15:53

La première fois où j'ai pris conscience qu'elle existait bel et bien en moi, j'en suis resté terrassé. Je dois admettre, comme plusieurs qui ne se démarquent pas par des comportements répétitifs de violence, qu'il faille invoquer la pire des excuses. Je ne l'ai pas vue venir. Ce n'était pas une bonne journée. Il s'était passé plusieurs choses contrariantes autour du même champ d'irritation. On dit: la moutarde me monte au nez. On dit: la goutte d'eau qui fait déborder le vase. On ne pense même pas: je dérape, je perds la tête. C'était sur une réplique ou un geste de trop de la part d'un conjoint, j'ai évidemment oublié quoi, et je me revois dans ce qui représente pour moi l'acte le plus horrible que je puisse m'imaginer en train de faire. Je me suis emparé du premier objet à ma portée, en l'occurrence une chaise de bois, et je l'ai lancée avec une force décuplée sur le mur où elle s'est fracassée. C'est à peine si j'avais visé l'endroit le plus "sécuritaire" pour ne pas blesser physiquement mon vis-à-vis. Mais le mal ainsi fait avait atteint sa cible. La rupture allait en découler le jour même. Je crois bien avoir été marqué pour la vie par ce geste qui ressemblait trop à ce que je réprimais par-dessus tout, et qui ne me ressemblait pas dans l'image sympathique et joviale qu'on me connaissait. Je me souviens m'être dit: "Attention, ce que tu viens de faire est la preuve qu'il y a un potentiel meurtrier en toi." Touché par la grâce de la culpabilité, je n'ai plus jamais soulevé de chaise ou d'objet suffisamment lourd dans l'intention d'exprimer cet instinct. C'était en 1986. J'avais trente-trois ans. Avant cela, le bilan de mes actes de terreur était celui d'un être occasionnellement colérique: exaspération verbale, ou brusquerie envers un objet de peu d'importance à cause de sa résistance, un briquet, un manuel d'instruction, un stylo.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:18:09

Pareil ici. La patience ne figurait pas au nombre des vertus dans notre famille, pourtant pas si mauvaise. Mes parents avaient un tempérament artistique et passionné. Mon frère et ma sœur sont, je crois, plus irritables que moi, qui ne me définis pourtant pas selon des critères de douceur ou de sagesse. Je me souviens qu'enfant, je pouvais lancer par terre des aliments qu'on essayait de me faire manger de force. Quel rapport avec la violence qui détruit des vies humaines? Le même qu'il y a entre la semence et l'arbre à maturité: la croissance de celui-ci est déterminée par le temps, et des conditions propices à son évolution.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:24:34

J'aurais tendance à dire que la pire forme de violence est pour moi, comme pour la plupart des êtres sur cette planète, celle qui fauche des vies humaines, en particulier celles des femmes et des enfants. Mais j'en dénoncerais une pourtant qui m'exaspère presque autant, et qui existe bel et bien chez certains êtres hypocrites et minables, des êtres qui vont jusqu'à se vanter d'actes répréhensibles dirigés contre l'orientation des tendances visant à préserver le peu qui rend encore viable la cohabitation sur notre planète. Je fais allusion à ceux et celles qui, de façon à s'assurer de l'impunité, obéissent à des crimes qu'ils estiment minuscules dans leur vie quotidienne, mais qu'ils perpétuent consciemment: des gestes qui vont à l'encontre de la morale, gestes effectués pour le simple plaisir d'exprimer une haine envers l'ordre: des fumeurs qui, sans être vus, jettent sciemment leurs mégots dans des espaces verts ou en forêt, en sachant les risques qu'ils pourraient occasionner, ou, pire, qui se débarrassent de déchets là où le reste de la société rassemble ses énergies pour assainir les plans d'eau, les systèmes d'égout. Ils sont parfaitement avisés des lois, connaissent le degré de biodégradation ou de nocivité des objets, et font exprès, toujours en se cachant, pour corrompre et polluer. J'ai entendu déjà quelqu'un se vanter d'avoir mis un petit appareil informatique dans un sac vert, ce qui a déclenché une réaction en chaîne de gens du même acabit qui se félicitaient tour à tour de faire passer des ordures ménagères dans la toilette, des piles, du plastique, dans le simple but de détruire, ou parfois d'exprimer leur rage contre la rigidité des écologistes qu'ils perçoivent comme des censeurs à leur liberté. Cas d'exception? Ces gens sans conscience sont beaucoup plus nombreux qu'on pense. Ils se sentent puissants de désobéir même s'ils savent l'aspect répugnant de leurs actes.

787Re://T7190 [Xeni/Vich/OmoO/ClGa/Unds/Kioi - Violence] post. 21-09-02 14:29:18

C'est tout compte fait, la tige de l'arbuste qui deviendra un séquoia de la destruction. Ceux qui font cela allumeront des feux à la première occasion, agresseront des plus petits qu'eux-mêmes, jusqu'au jour où ils se mettront à tirer sur des foules selon le principe que tout ce qui commence en sourdine peut aboutir dans un puissant vacarme.